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28 Mar 2024

Célébrer Pâques en Mongolie, la joie sobre d’un peuple

Le cardinal Giorgio Marengo, préfet apostolique d'Oulan-Bator, raconte les rituels et les traditions de la petite communauté catholique réunie pour le Triduum pascal: quelques larmes d'émotion et beaucoup de tenue, même sans grandes manifestations extérieures.

Par Giorgio Marengo*

La Semaine sainte est vécue en Mongolie comme un moment très fort, spécial, unique. Depuis au moins deux ans, les catéchumènes adultes se préparent à ce moment, passage fondamental de leur vie. Les accompagner sur ce chemin nous aide, nous missionnaires, à revivre l’émerveillement et la radicalité de ce mystère. En ce sens, le fait d’être ici avec ces frères et sœurs qui veulent accueillir librement dans leur vie, la mort et la résurrection du Christ nous pousse à nous approprier la célébration, à la vivre avec intensité et une conscience renouvelée.

Le dimanche de la Passion voit nos communautés brandir de minces branches de conifères (les palmiers et les oliviers sont trop loin), qui se remettent à peine du long hiver. Les modestes processions -qui se déroulent toujours dans les espaces reconnus par les autorités- sont souvent balayées par des vents froids et poussiéreux.

Le printemps est la saison la plus difficile ici, avec de brusques changements de température, des troupeaux affaiblis et des personnes éprouvées dans leur corps. Le mystère de notre régénération se produit au moment le plus critique du cycle naturel, comme si Notre Seigneur avait choisi cette saison pour atteindre le point le plus bas de notre pauvre humanité.

La messe chrismale 

La célébration de la messe chrismale avancée au mardi est un rendez-vous important pour les prêtres qui viennent des endroits très éloignés. Ils renouvellent leurs promesses sacerdotales dans une cathédrale avec quelques fidèles et quelques religieuses. Ensuite, nous nous arrêtons pour une brève réflexion sur le mystère du sacerdoce ordonné et nous déjeunons joyeusement. Le retour dans les paroisses doit se faire à court terme, pour éviter les risques des routes verglacées.

Chaque paroisse vit le Saint-Triduum en soignant les liturgies et en accueillant l’évêque, qui s’efforce d’être présent au moins dans les communautés de la capitale. La nuit sainte arrive. Le feu crépite à l’intérieur de l’aile traditionnelle, symbole de la famille. Tout autour, la circulation congestionnée et les lumières clignotantes de la ville, pour la plupart inconscientes de ce qui se passe. La cathédrale en forme de ger (la tente mongole) est plongée dans l’obscurité, qui s’éclaircit lorsque la procession entre avec le cierge et les bougies des fidèles. L’exsultet est chanté en langue mongole. Avec ses images poétiques, il rappelle les compositions lyriques de la tradition locale. Peu après, les catéchumènes s’approchent des fonts baptismaux et revêtent le blanc de la vie nouvelle. Certains arrivent dans le deel (habit traditionnel) confectionné spécialement pour l’occasion. Quelques larmes d’émotion, beaucoup de tenue et beaucoup de joie, même sans grandes manifestations extérieures.

La joie de la Résurrection

Ainsi vécus, les jours saints de Pâques sont une véritable bénédiction, même pour ceux qui cheminent déjà depuis longtemps dans la foi. Tout contribue à retrouver la fraîcheur de la foi. Le lundi de Pâques, nous nous retrouvons avec les missionnaires à Khandgait, dans les bois à la sortie d’Oulan-Bator, où la préfecture apostolique a une maison de spiritualité. Nous célébrons dans une petite chapelle entièrement en bois, chauffée la veille pour l’occasion. Certaines années, il neige abondamment, d’autres fois, le soleil de printemps brille. Chacun de nous se sent profondément changé par l’expérience des jours précédents, et nous louons le Ressuscité pour les nouveaux membres de la communauté qui sont nés à une vie nouvelle dans les eaux du baptême.

Dans nos oreilles et dans nos cœurs, nous entendons la question de Jésus après lui avoir lavé les pieds: « Comprends-tu ce que j’ai fait pour toi? » (cf. Jn 13,12). Nous ne comprendrons jamais tout, mais les jours de Pâques nous aident précisément à revenir sans cesse à la dimension printanière de notre foi. Et à raviver ce feu qui brûlait dans le cœur des disciples d’Emmaüs, désormais disposés à avancer joyeusement vers le monde dans l’attente de l’annonce qui a changé l’Histoire.

* le cardinal Giorgio Marengo est préfet apostolique d’Oulan-Bator.

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